Bilan de la semaine du Salariat Agricole

 

Les ressources humaines, un facteur clé de la réussite

Le secteur agricole du département représente un vivier d’emplois potentiels, pour tous, femmes et hommes. Grâce au Département, qui nous a mis à disposition ses abribus, nous avons pu, à travers six portraits de salariés agricoles hommes et femmes de nos territoires en élevage, viticoles, arboricoles et maraîchers, communiquer pendant près d’un mois précédant la semaine du salariat agricole. Cette semaine a été intense en rencontres et en échanges. Pour cette première édition, nous avons accueilli sur nos fermes, en job dating et découverte ou encore lors d’une pièce de théâtre des dizaines de demandeurs d’emplois, des jeunes en missions locales, des publics fragiles, mais aussi des prescripteurs et des scolaires. Ce fut l’occasion de leur montrer que l’agriculture du Rhône est un secteur d’emplois et d’opportunités. Malgré la part importante des villes, le département reste rural, avec une agriculture présente sur 43 % de son territoire et la présence de 5900 exploitations dans lesquelles travaillent plus de 40 000 salariés.
Ce travail de communication, de promotion des métiers en agriculture, Graine d’emplois veut le poursuivre en 2019 avec ses partenaires (la Direccte, la Maison emploi et formation du Rhône, le Département, les communautés de communes) pour que demain les agriculteurs puissent continuer à employer des salariés, à avoir la possibilité de les former, à pouvoir répondre aux demandes du marché. Les ressources humaines sont un facteur clé pour la réussite de nos exploitations, quelles que soient les filières. Le travail engagé et l’accueil que nous avons reçus sont porteurs d’optimisme.

Vincent Pestre, président de Graine d’emplois

Des emplois pour tous

Du 5 au 9 mars, Graine d’emplois organisait la première édition de la semaine du salariat agricole. L’occasion de rappeler aux demandeurs d’emploi, étudiants, prescripteurs, personnes en reconversion…, femmes et hommes, toutes les opportunités que propose le monde agricole.

L'agriculture recrute. Ce n’est plus un secret pour les exploitants agricoles qui sont de plus en plus nombreux à embaucher. En effet, sous des formes diverses, salarié permanent, partagé ou encore saisonnier, le salariat agricole est aujourd’hui pré-sent dans une exploitation sur deux dans le Rhône et représente plus de 40 000 salariés. Par ailleurs, les opportunités sont importantes que ce soit en matière d’emplois saisonniers, permanents ou encore partagés, que ce soit en arboriculture, en viticulture, en élevage ou en maraîchage. Encore faut-il le faire savoir aux demandeurs d’emploi, aux étudiants et aux personnes désirant se reconvertir. « Nous vivons dans une société de plus en plus urbaine et la vision que le grand public se fait de notre métier est parfois éloignée de notre réalité », souligne Vincent Pestre, arboriculteur et maraîcher à Chevinay et président de Graine d’emplois. C’est justement la mission que remplit Graine d’emplois depuis plus d’un an et c’est en ce sens que du 5 au 9 mars, le guichet unique de l’emploi agricole a organisé, en partenariat avec le Département du Rhône, la Direccte, la Maison de l’emploi et de la formation, les missions locales Grand Lyon Métropole et Rhône, les communautés de communes de la vallée du Garon, des monts du Lyonnais, des vallons du Lyonnais, du Pays de L’Arbresle, du Pays mornantais, Pôle emploi et Cap emploi, les partenaires associés au FSE, la première édition de la semaine du salariat agricole.

 

« Un secteur d’emplois et d’opportunités »

Pendant cinq jours, 130 personnes, salariés agricoles, demandeurs d’emploi, étudiants… ont pu pousser la porte d’exploitations laitières, arboricoles, maraîchères ou viticoles lors de six « farm découverte » et découvrir que les ex-ploitants agricoles comme leurs salariés sont heureux dans leur travail, échanger avec les agriculteurs et leurs salariés lors des « job dating » et des « job dé-couverte », s’interroger sur la place des femmes en agriculture grâce à une soi-rée théâtre et rencontrer des représentants de Graine d’emplois, de la MDEF, des missions locales… pour construire avec eux leur projet professionnel. « Nous avons pu montrer que l’agriculture du Rhône est un secteur d’emplois et d’opportunités pour les femmes et les hommes », poursuit Vincent Pestre.

 

Une opération à reconduire

Un bilan plus que positif pour les partenaires de cette première édition malgré un nombre de participants qui peut paraître modeste. « De nombreux contacts de qualité ont été pris. C’est encourageant. Nous sommes convaincus que c’est à travers ce type d’action, où nous sommes visibles, que petit à petit, des personnes s’orienteront vers le secteur agricole et répondront à nos besoins d’emploi, se ré-jouit le président de Graine d’emplois. Il s’agit là d’une opération à renouveler pourquoi pas dans le Beaujolais ou dans la Métropole ? ». Même sentiment de satisfaction du côté du Département. « Graine d’emplois et cette semaine du salariat agricole sont de beaux projets. Tous les maillons de la chaîne sont ré-unis pour accompagner les personnes désireuses d’en savoir davantage sur le salariat agricole, pour faire connaître l’agriculture », a souligné Colette Darphin, vice-présidente du Département en charge de l’agriculture. À Jean-Daniel Cristoforetti, directeur de l’unité départementale de la Direccte de conclure: « cette semaine portait sur plusieurs volets : celui des demandeurs d’emploi, celui des employeurs qui ont pu faire valoir les métiers de l’agriculture qui ont évolué. Cette semaine a permis de rapprocher ces deux mondes. » En effet, le guichet unique de l’emploi, Graine d’emplois a collecté une trentaine de curriculum vitae. Autant de profils qui permettront de répondre en partie au besoin de main-d’œuvre des exploitations du Rhône, un facteur clé de réussite.

VISITES D’EXPLOITATION / Parmi les quatre types de rendez-vous proposés, Farm découverte a permis de venir à la rencontre d’exploitants. Élevage, maraîchage, arboriculture, viticulture, les grands secteurs agricoles du département étaient représentés. Mickaël Alonzi a accepté d’ouvrir les portes de son exploitation de Messimy, comme cinq autres chefs d’exploitation.

 

La motivation du saisonnier

Dommage que peu de personnes aient répondu présent, car la motivation et le savoir-faire de Mickaël Alonzi sont communicatifs et font plaisir à voir.
Âgé de 32 ans, le jeune homme a re-pris l’exploitation familiale en 2009. « Comme l’arboriculture n’était pas une fin en soi pour moi, j’ai donc d’abord suivi des études de mécanique agricole ! Ce n’est que plus tard que j’ai fait une formation en Suisse d’installation en arboriculture. » Revenu sur les terres de Messimy, Mickaël Alonzi décide de développer les cultures. En plus du verger de cerisiers, pommiers, poiriers, pêchés, etc., place désormais au maraîchage. L’exploitation se compose donc aujourd’hui de 7 ha de fruits et de 4 ha de légumes. « 75 % de la production de fruits partent en circuit long via une coopérative. Le reste est vendu via des magasins de producteurs. Pour le maraîchage, tout est vendu en circuit court. » Une distribution qui s’effectue via des restaurants scolaires, des paniers vendus aux salariés de Boiron, des Amap, des magasins de producteurs.
Bref, à la fois pour la cueillette, l’entretien, la culture et pour la distribution, il a fallu embaucher malgré le soutien des parents. « Anne est salariée depuis juillet 2015, explique Mickaël Alonzi, mais dans les faits, elle venait chez nous faire des saisons depuis 2007. Des saisons qui duraient chaque année un peu plus longtemps ! ».L’une des participantes à la visite de-mande alors « qu’attends-tu d’un saisonnier ? ». Et le jeune maraîcher de répondre aussitôt : « De la motivation ! Les diplômes, peu importe. Ce qu’il faut surtout c’est ne pas venir à contrecœur ». Anne renchérit : « après un parcours scolaire chaotique, je suis venue ici alors que j’étais en formation toilettage pour pouvoir m’acheter du matériel. Je n’avais aucune compétence en agriculture, pourtant je ne suis plus repartie ! ».

Réel besoin de main-d’œuvre

En détaillant les tâches qu’elle a à accomplir tout au long de la semaine, on découvre un emploi du temps varié, de la préparation de commande à la vente, de la cueillette à la taille, et évoluant au fil des saisons. C’est justement ce qui attire Christine, l’une des participantes : « je suis venue ici pour me rendre compte des possibilités d’emploi. Je suis actuellement en disponibilité et il me reste trois mois pour me décider pour la suite de ma carrière. Ce dont j’ai envie désormais c’est de travailler dehors, d’être en contact avec la nature. Cela me rassure d’entendre qu’il y a un réel besoin de main-d’œuvre ». Au plus fort de la saison, c’est-à-dire en juin période des cerises, Mickaël Alonzi embauche dix saisonniers. En moyenne, entre mai et octobre, voire novembre, le maraîcher a besoin de huit saisonniers. Et comme ce ne sont pas les idées qui lui manquent, il développe chaque année de nouveaux produits et expérimente de nouvelles techniques de culture. « Ma femme va nous rejoindre sur l’exploitation à l’automne. Je préfère donc avancer prudemment et ne pas me précipiter pour embaucher de nouvelles personnes. Mais c’est mon optique, il faudrait juste qu’il y ait moins de contraintes administratives. » Les représentantes de Graine d’emplois l’ont bien rappelé : « même en tant que saisonnier, il est possible de travailler quasiment toute l’année. Pour ceux qui veulent vraiment se lancer dans ce secteur, nous leur conseillons de se former à la taille des arbres fruitiers ». Des compétences finalement assez rares… et donc recherchées.

THÉÂTRE-FORUM / Entre culture et débat, la soirée de la journée internationale du droit des femmes a été marquée par la prestation de la compagnie Tenfor Théâtre de Saint Priest avec la pièce intitulée Qui veut ce job ? Le salariat agricole au féminin, devant une vingtaine de spectateurs à Sainte Consorce.


Femme et salariée agricole : pas si simple !

Aux dires de Vincent Pestre, président de Graine d’emplois, les femmes ont une présence plus importante dans que dans d’autres secteurs d’activité… Un tiers des chefs d’exploitation et 41 % des salariés sont des femmes. Loin des clichés ? Pas tant que ça. C’est ce que les comédiens, avec l’aide des spectateurs ont montré en ce 8 mars, lors de la pièce Qui veut ce job ? Le salariat agricole au féminin.
Graine d’emplois a voulu en effet aborder cette place des femmes dans le salariat agricole de façon ori-ginale et avec humour via le concept du théâtre-forum. Une formule qui laisse place au débat et à la négociation entre comédiens et public.
C’est ainsi que le public a pu en savoir plus sur Juliette, jeune femme de 22 ans, qui a répondu à une offre d’emploi d’agent d’élevage sur une exploitation bovine. À travers le regard de trois protagonistes et surtout leurs aprioris, on apprend à la connaître…

Des témoins « bornés »

Mercédès, la meilleure amie de Juliette a retracé son parcours : un bac pro suivi d’un BTS agricole comme elle. « Je n’imagine pas du tout mon amie devenir ouvrière agricole, elle a fait des études, ce n’est pas pour se retrouver au bas de l’échelle et « bouseuse » ! Elle peut dire adieu à sa féminité, elle va manquer de lien social et passer à côté de postes à responsabilité », commente Mercédès. Un agriculteur présent dans le public n’est pas du tout d’accord avec cette amie qui cherche à tout prix à influencer les choix de Juliette. « On nous pousse le milieu agricole bien souvent à faire de longues études mais travailler sur une exploitation est tout à fait compatible avec de la formation et des évolutions de carrière. C’est une première expérience qui permet de faire ses armes. Et puis, il faut respecter les choix de chacun, si Juliette a envie, qu’elle le fasse… ».
Autre personnage, tout aussi borné : Monsieur Stan, recruteur pour Agrijob, groupement d’employeurs en agriculture. « Juliette a en effet un profil très intéressant, un parcours sans faute… Le hic : c’est une femme, qui de surcroît n’est pas du cru. Ça ne passera pas auprès de certains recruteurs ! » Un autre spectateur lui a rétorqué : « il faut recevoir cette jeune femme en entretien et l’écouter. Grâce à la mécanisation, les femmes ont évidemment leur place en agriculture. En tant que groupement d’employeurs, c’est aussi à vous de faire évoluer les mentalités en faisant preuve d’ouverture d’esprit et en proposant sa candidature ».
Dernier personnage : Mme Lamartine, à la tête d’un élevage laitier. Elle a déjà eu des recrutements de salariés à gérer et pour elle c’est très clair : une jeune femme qui n’a pas encore d’enfant n’a absolument pas sa place sur une exploitation. « Juliette aura un jour envie de fonder une famille, elle n’aura donc pas un engagement total dans son travail… » Ce témoignage-là est lui aussi loin d’avoir fait l’unanimité parmi les spectateurs.
De ces commentaires du public, ont émergé deux pistes pour casser ces idées reçues : l’éducation et l’information. Vincent Pestre complète avec la mixité : « aux côtés de l’agriculture familiale, on a aussi des personnes qui ne sont pas issues du monde agricole qui s’installent. La variété des profils et des parcours devrait permettre d’ouvrir encore davantage les esprits ». Le manque de communication a été largement mis en cause dans la survie de ces aprioris : « l’agriculture a évolué, les agriculteurs le savent, mais doivent aussi le faire savoir ! ». C’était justement le but de cette soirée théâtre-forum et de Graine d’emplois, tout au long de la semaine du salariat.

Source : Information Agricole du Rhône

Les partenaires de l'événement
 

 

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